
Depuis l’entrée en vigueur du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) en Europe, nous avons assisté à une véritable invasion des bannières de consentement aux cookies sur pratiquement tous les sites Internet. Ce qui, à l’origine, devait garantir plus de transparence et de contrôle pour les utilisateurs concernant leurs données personnelles, s’est transformé en un cauchemar d’ergonomie et d’accessibilité.
Un Alourdissement de la Navigation et Une Catastrophe pour l’Accessibilité
Aujourd’hui, il est devenu presque impossible de naviguer sur le web sans être interrompu par une fenêtre pop-up demandant si nous acceptons les cookies. Ce qui est encore plus frustrant, c’est que ces bannières sont souvent conçues de manière intrusive et mal optimisées.
Quand les Bannières de Consentement Empêchent l’Accès aux Sites
Certaines pratiques abusives imposent carrément aux visiteurs d’accepter les cookies sous peine de ne pas pouvoir accéder au site ou être contraint de souscrire à un abonnement. On se retrouve alors avec des sites qui fonctionnent sur le modèle du chantage au consentement : « Acceptez d’être suivi et profilé, ou partez ! ».
Ce genre d’obligation est totalement contraire à l’esprit du RGPD, qui insiste sur un consentement libre et éclairé, et non sur une obligation forcée.
Une Catastrophe pour les Personnes Non-Voyantes
Pour les personnes aveugles ou malvoyantes, ces bannières de consentement peuvent poser un vrai problème d’accessibilité. Beaucoup d’entre elles ne sont pas du tout compatibles avec les lecteurs d’écran. Il arrive souvent que :
- Les boutons « Accepter » et « Refuser » ne soient pas accessibles via la navigation au clavier.
- Certaines bannières ne puissent pas être fermées facilement.
- Les messages soient rédigés dans un langage inutilement complexe, rendant la compréhension difficile.
Cela signifie que, dans certains cas, une personne aveugle ne peut tout simplement pas naviguer sur un site à cause d’une bannière mal conçue. C’est une aberration, alors que l’objectif initial du RGPD était de protéger les utilisateurs, pas de les exclure.
Une Bannière de Consentement n’Est Pas Toujours Obligatoire
Beaucoup de webmasters et d’administrateurs de sites semblent croire qu’une bannière de consentement est obligatoire sur tous les sites. Il existe plusieurs situations où elle n’est pas nécessaire :
1️⃣ Si le site ne collecte aucun cookie ou traceur nécessitant le consentement
- Certains cookies sont strictement nécessaires au bon fonctionnement du site (ex : gestion de session, panier d’achat sur un e-commerce, etc.), ceux-ci sont exemptés de consentement.
2️⃣ Si l’outil de suivi d’audience respecte les règles de la CNIL
- La CNIL autorise l’exemption de consentement pour les outils comme Matomo (bien configuré), car ils respectent l’anonymisation des données et n’utilisent pas de cookies intrusifs.
- En revanche, Google Analytics et autres trackers marketing nécessitent un consentement explicite.
3️⃣ Si les données sont anonymisées et non partagées avec des tiers
- Si un site mesure uniquement le trafic sans associer d’informations personnelles aux visiteurs, il n’a pas besoin de bannière.
Des Webmasters Qui Trompent les Utilisateurs
Autre problème majeur : même quand une bannière de consentement est affichée, rien ne garantit que les choix des utilisateurs sont réellement respectés.
Certaines pratiques douteuses consistent à :
- Rendre le bouton « Refuser » volontairement plus difficile à voir ou à cliquer.
- Configurer les boutons « Accepter » et « Refuser » pour qu’ils fassent exactement la même chose (acceptation des cookies dans tous les cas).
- Charger les cookies avant même que l’utilisateur ait donné son choix, ce qui est une violation directe du RGPD.
Il ne s’agit donc pas simplement d’un problème d’ergonomie, mais aussi d’un véritable manque d’éthique de la part de certains propriétaires de sites.
Faut-il Vraiment Collecter Tant de Données ?
La question essentielle derrière ces bannières est la raison pour laquelle tant de sites collectent autant de données sur les utilisateurs. Est-ce réellement indispensable ?
- 🤔 Pourquoi un simple site d’actualité aurait besoin de tracker précisément chaque clic et chaque interaction ?
- 💰 Pourquoi tant de sites se précipitent sur Google Analytics alors qu’il existe des alternatives plus respectueuses de la vie privée ?
Le problème vient du modèle économique basé sur la publicité et le profilage. Certains sites ne se contentent pas d’afficher des statistiques de visite, ils veulent revendre des données comportementales à des plateformes publicitaires. C’est une exploitation abusive de l’information des internautes.
Des Alternatives Plus Respectueuses de la Vie Privée
Les outils comme Matomo ou Plausible Analytics permettent de suivre l’audience sans exploiter les données personnelles et sans avoir besoin de bannière de consentement. Pourtant, la majorité des webmasters continuent d’utiliser Google Analytics, par mimétisme ou par facilité.
Il est temps de changer nos habitudes et de repenser la manière dont nous gérons les données personnelles sur le web.
Une Réglementation Détournée de son Objectif
En théorie, le RGPD avait une bonne intention : protéger les utilisateurs et leur redonner du contrôle sur leurs données. Mais en pratique, l’obligation des bannières de consentement a rendu la navigation plus compliquée et pénible, sans pour autant garantir une réelle protection.
Les responsables de sites devraient cesser d’imposer des pratiques abusives et repenser leur approche :
- ✅ Utiliser des solutions analytiques sans cookies, comme Matomo ou Plausible.
- ✅ Ne pas imposer le chantage au consentement (« Acceptez ou partez »).
- ✅ S’assurer que les bannières sont réellement accessibles et respectent les choix des utilisateurs.
Nous avons tous un rôle à jouer dans la protection des données personnelles, que ce soit en tant qu’internautes ou en tant que propriétaires de sites Internet.
Dans un prochain article, je parlerai d’un autre sujet crucial : la gestion des e-mails et les bonnes pratiques aussi bien du côté des utilisateurs que des webmasters. Comment éviter que nos boîtes mails soient inondées de spam, et comment gérer les adresses e-mails de nos visiteurs avec éthique ? Affaire à suivre ! 😉