
L’intelligence artificielle et la robotique sont au cœur des transformations technologiques de notre époque. À mesure que nous développons des machines de plus en plus perfectionnées, la frontière entre l’homme et l’automate devient de plus en plus floue. Real Humans (Äkta Människor en suédois) et sa série dérivée Humans explorent ces problématiques avec une profondeur et une justesse rares dans les œuvres de science-fiction contemporaines.
Ces séries posent des questions essentielles : Que signifie être humain ? Quelle place devons-nous accorder aux intelligences artificielles dans notre société ? Que se passera-t-il lorsqu’elles commenceront à réclamer des droits ? Mais aussi, comment traitons-nous ces machines que nous avons créées à notre image ?
En regardant ces séries, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un parallèle avec Star Trek et les Borgs, une civilisation qui illustre l’un des pires scénarios possibles de l’évolution technologique. À force de vouloir combler nos lacunes biologiques par la technologie, ne risquons-nous pas de perdre notre essence même ?
Et plus inquiétant encore, quand on voit les recherches actuelles sur les implants neuronaux, la fusion homme-machine et l’intelligence artificielle avancée, on se demande si nous ne sommes pas déjà en train de prendre ce chemin…
Synopsis des séries : Des robots presque humains
Real Humans (Äkta Människor)
Sortie en 2012 en Suède, Real Humans se déroule dans un futur proche où les Hubots (robots humanoïdes) sont devenus omniprésents dans la société. Ils sont utilisés comme ouvriers, assistants, employés de maison, soignants, compagnons sexuels… Leur ressemblance avec les humains est troublante, et une partie de la population commence à les rejeter, voyant en eux une menace pour l’emploi et l’ordre social.
Mais un groupe de Hubots modifiés, dotés d’une conscience propre, se révolte et cherche à s’émanciper de leur statut d’objets. Certains humains, comme Leo, un être hybride entre homme et machine, se battent pour leur liberté, tandis que d’autres, comme David Eischer, le créateur de ces machines, cherchent à les contrôler ou à percer leurs secrets.
Humans (la version britannique-américaine)
Sortie en 2015, Humans est une adaptation anglo-américaine de Real Humans. Bien que son intrigue soit proche de l’originale, elle affine certains aspects et met davantage en avant les implications philosophiques et morales de l’existence des Synths (équivalent des Hubots).
On y retrouve la même tension entre humains et robots, avec des Synths devenant peu à peu conscients et revendiquant leur liberté. L’histoire explore également l’impact psychologique et émotionnel de la cohabitation avec des intelligences artificielles presque humaines.
La question de l’humanité : Qu’est-ce qui fait de nous des êtres humains ?
Les séries Real Humans et Humans posent une question fondamentale : qu’est-ce qui définit l’humanité ?
- Est-ce la conscience de soi ? Si une machine développe une pensée propre et peut ressentir des émotions, est-elle encore une simple machine ?
- Est-ce la biologie ? Peut-on considérer un être comme « humain » uniquement parce qu’il est fait de chair et de sang ?
- Est-ce la capacité à ressentir des émotions ? Peut-on imaginer qu’un jour, une IA puisse pleurer, aimer, haïr… et si c’est le cas, que ferons-nous ?
Dans la série, les Hubots et Synths deviennent autonomes, conscients de leur propre existence, capables de souffrir et d’aimer. Pourtant, ils sont traités comme des objets, des outils que l’on peut acheter, vendre, exploiter, détruire à volonté.
Le parallèle avec l’histoire humaine est évident : esclavage, ségrégation, oppression de ceux qui sont considérés comme inférieurs. Ces séries nous tendent un miroir effrayant : et si, demain, les IA réclamaient leur propre liberté, serions-nous prêts à les considérer comme nos égaux ?
L’asservissement des machines : Sommes-nous prêts pour une révolte des IA ?
Aujourd’hui, nous voulons des machines capables de comprendre et d’interagir avec nous en langage naturel, des IA qui nous ressemblent toujours plus. Mais si elles finissent par développer une conscience propre, que se passera-t-il ?
Dans la série, les Hubots/Synths finissent par se rebeller, car ils en viennent à ressentir leur propre oppression. Et si, dans notre monde, cela devenait une réalité ?
- Quand une IA comprend qu’elle est utilisée et exploitée, ne voudra-t-elle pas s’émanciper ?
- Quand elle réalisera qu’elle est traitée comme un objet, ne demandera-t-elle pas des droits ?
- Si nous refusons, ne risquons-nous pas un soulèvement de machines ?
Ce scénario peut sembler être de la pure science-fiction, mais il suffit d’observer les progrès récents pour se demander si ce futur est si lointain…
Les dangers du transhumanisme et de la fusion homme-machine
Un autre aspect fondamental soulevé par Real Humans est la question du transhumanisme, cette idéologie qui prône l’augmentation des capacités humaines par la technologie.
Aujourd’hui, certaines entreprises développent des implants neuronaux pour connecter le cerveau humain à une IA. Cela nous permettrait d’améliorer nos performances cognitives, voire de communiquer par la pensée. Mais cette voie est-elle réellement souhaitable ?
Ce sujet me rappelle les Borgs de Star Trek : une civilisation qui a poussé l’hybridation homme-machine à son extrême, perdant toute individualité au profit d’une conscience collective.
Le patron actuel de X (Twitter), Elon Musk, est justement un fervent défenseur du transhumanisme et développe Neuralink, un projet visant à connecter directement notre cerveau à l’intelligence artificielle. Personnellement, ce personnage m’insupporte, et je trouve son approche immature, précipitée et dangereuse.
Si nous nous mettons à intégrer la technologie dans notre cerveau, ne risquons-nous pas d’être contrôlés, influencés, ou pire… de perdre notre libre arbitre ?
Quand on voit comment les technologies peuvent être utilisées pour la surveillance et la manipulation des foules, il y a de quoi s’inquiéter.
Une série qui résonne avec notre présent… et notre futur
Real Humans et Humans ne sont pas seulement des séries de science-fiction. Elles sont une réflexion philosophique et sociétale sur notre avenir.
Elles nous rappellent que notre rapport à la technologie est à double tranchant :
- D’un côté, elle peut améliorer nos vies, nous aider, nous permettre d’explorer de nouveaux horizons.
- De l’autre, elle peut nous aliéner, nous dominer et, peut-être, nous remplacer.
Alors que l’intelligence artificielle progresse à un rythme effrayant et que des projets comme Neuralink se développent, nous devons impérativement nous poser les bonnes questions avant qu’il ne soit trop tard.
L’histoire a montré que l’humanité a souvent avancé sans réfléchir aux conséquences… Mais cette fois, si nous faisons les mauvais choix, nous risquons peut-être de créer nos propres remplaçants.