Depuis plusieurs décennies, les pays occidentaux semblent plongés dans une spirale d’intolérance croissante envers les étrangers. Les discours populistes désignent des boucs émissaires pour justifier les maux sociaux : chômage, criminalité, pression sur les services publics. L’immigré est devenu, dans l’imaginaire collectif, responsable de tous les malheurs. Pourtant, si l’on se penche sur l’Histoire, il est clair que cette perception est non seulement fausse, mais aussi hypocrite. Prenons un instant pour examiner les origines de cette intolérance, pourquoi elle persiste, et les questions qu’elle soulève.
Le mythe de la pureté occidentale : Un oubli délibéré de l’Histoire
Les civilisations occidentales elles-mêmes sont le fruit d’influences étrangères. De la philosophie grecque héritée des Égyptiens, aux mathématiques arabes et aux sciences développées en Asie, les apports des civilisations non occidentales ont été essentiels. Pourtant, ces contributions sont trop souvent invisibilisées dans les récits historiques.
L’Histoire occidentale a été réécrite pour glorifier ses « grandes découvertes » tout en minimisant l’impact des cultures qu’elle a pillées. Ce récit unilatéral ne fait que renforcer le sentiment de supériorité, légitimant l’intolérance et l’exploitation des autres peuples.
Les origines de l’Homo sapiens : Nous sommes tous africains
Les découvertes scientifiques le confirment : l’Homo sapiens est originaire d’Afrique. Nos différences physiques, comme la couleur de peau, sont simplement le résultat d’une adaptation au climat au fil des millénaires. Pourtant, ces distinctions superficielles continuent de diviser.
Il est absurde qu’un être humain en déteste un autre pour une caractéristique aussi insignifiante que sa pigmentation. Au fond, nous sommes tous issus du même berceau, un fait que l’humanité semble incapable d’intégrer.
L’héritage culturel des civilisations non occidentales
L’art, la musique, la médecine, les mathématiques, et même la navigation moderne doivent beaucoup aux civilisations non occidentales. Par exemple :
- La médecine traditionnelle chinoise, qui a inspiré de nombreux traitements modernes.
- Les mathématiques indiennes et arabes, sans lesquelles l’algèbre ou même le zéro n’existeraient pas.
- L’art africain, qui a influencé des mouvements comme le cubisme européen.
Reconnaître ces apports ne devrait pas être perçu comme une menace pour l’identité occidentale, mais comme un enrichissement universel.
La réalité des flux migratoires : Mythes et chiffres
Contrairement aux idées reçues, les flux migratoires ne sont pas aussi massifs qu’on le prétend. Selon les données de l’ONU, les migrants représentent environ 3,6 % de la population mondiale, une proportion stable depuis des décennies.
De plus, l’immigration profite souvent davantage aux pays d’accueil qu’elle ne leur coûte. Les migrants contribuent à l’économie, remplissent des emplois essentiels, et dynamisent des secteurs en déclin. Pourtant, les stéréotypes persistent, alimentés par des récits simplistes et alarmistes.
Le poids des origines et le racisme structurel
Au-delà des comportements individuels, le racisme est ancré dans les institutions. Les systèmes économiques, éducatifs, et juridiques renforcent souvent les inégalités :
- Les discriminations à l’embauche.
- L’accès limité aux soins ou à l’éducation de qualité.
- La criminalisation disproportionnée de certaines populations.
Ce racisme structurel est un héritage direct de la colonisation et de l’esclavage, des systèmes construits sur la hiérarchisation des races.
L’impact des médias : Le rôle des stéréotypes
Les médias jouent un rôle majeur dans l’alimentation de la peur de l’autre. En mettant l’accent sur les crimes commis par des immigrés ou en amplifiant les discours xénophobes, ils façonnent une opinion publique négative.
Pourtant, les médias pourraient aussi être un outil puissant pour promouvoir la tolérance. Ils ont la capacité de raconter des histoires positives, de mettre en lumière les réussites de la diversité, et de déconstruire les stéréotypes. Mais trop souvent, ils choisissent le sensationnalisme.
Les leçons de Star Trek : La Prime Directive
Dans la série Star Trek, la Prime Directive interdit aux explorateurs d’interférer avec les civilisations qu’ils découvrent. Cette règle incarne une vision respectueuse des différences culturelles : observer, apprendre, mais ne jamais imposer.
Cet idéal aurait pu changer le cours de l’Histoire. Si les premiers explorateurs européens avaient appliqué cette philosophie, la colonisation aurait pu laisser place à une ère d’échanges équitables.
Un exemple frappant de ce que l’exploration respectueuse aurait pu éviter se trouve dans l’analogie donnée par une sociologue avec qui j’ai travaillé : « Imaginez des Occidentaux arrivant dans un village africain. Ils observent des enfants qui jouent autour de cases, pieds nus, avec des vêtements simples. Pour les Occidentaux, ce mode de vie est inconfortable, primitif, voire misérable. Mais pour les habitants de ce village, c’est leur normalité, leur confort. Du moment où on leur montre un autre mode de vie et qu’on leur dit que c’est « mieux », leur fierté en tant qu’individus les pousse à vouloir adopter ce nouveau modèle. Ainsi commence le processus d’assimilation forcée, de destruction des cultures locales, et de dépendance envers l’Occident. »
Cet exemple montre que l’Histoire aurait pu être différente, si l’on avait simplement observé et respecté les différences au lieu d’imposer un modèle.
Comment l’Histoire peut-elle réconcilier les peuples ?
L’Histoire ne doit pas être un outil de division, mais un pont entre les cultures. En reconnaissant les injustices du passé, en enseignant les contributions de tous les peuples, et en promouvant une mémoire collective inclusive, nous pouvons espérer une réconciliation.
Mais cela nécessite un effort sincère, un désir de vérité, et surtout une volonté politique qui, soyons honnêtes, semble souvent absente.
L’échec de l’humanité et un espoir fragile
Il est difficile d’être optimiste. L’intolérance, le racisme, et le rejet de l’autre semblent s’intensifier plutôt que de s’estomper. Les leçons de l’Histoire sont ignorées, les erreurs répétées, et l’humanité persiste à choisir la division au lieu de l’unité.
Je ne crois plus en l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui. Peut-être suis-je trop cynique. Peut-être reste-t-il un espoir, fragile, que nous soyons capables de surprendre, de changer, de choisir un chemin meilleur. Mais cet espoir s’amenuise chaque jour.